Lisbeths

présentation

« Elle a fait irruption quand il n’attendait plus rien. Il avait ses habitudes au pressing, rue de la Pompe ; avait des aventures, avait aimé, il y a longtemps, Manuela. En avait trop bavé ; et puis, VRP, ce n’est pas un métier, on n’est jamais là, jamais. Tout à coup Lisbeth a fait irruption. Ils se sont décidés à faire un enfant. À La Rochelle, face à l’océan, dans un hôtel, ils vont faire l’amour toute la nuit. Elle est partie avant lui et l’attend sur le quai à la gare. Le TGV de Paris arrive, il descend, il la voit. Silence. Il voit cette femme qui vient vers lui, tout sourire, toute lumière. Ce n’est plus Lisbeth, c’est une autre Lisbeth. »

 

extrait

Pietr

Ce qu’elle était, ce qu’elle n’était plus, ce qu’en l’acceptant dans mes bras, à la sortie du train, je reconnus d’elle, à la sortie de ce train, ce que je ne reconnus pas, la serrant malgré tout, la pressant contre moi, et l’impossible, contre moi, broyé, au pied de l’étreinte, son goût quand ma langue, voulant respecter l’habitude prise depuis quatre mois, échoua à son oreille, ce goût-là de sa peau, que je reconnus, que je ne reconnus pas.

Tout ce qui était là, ce qui n’y était plus. Visible et ancien, neuf et anéanti. D’elle.
Son agencement. Ses –

Mais, là, ce qu’elle était, ce qu’elle n’était plus, c’était plus fort que moi, alors – A la sortie de ce train.
Comme ça.

Lisbeth

Monsieur –

Pietr

C’est arrivé.
Ça s’est passé.
Ça n’était pas spectaculaire.

 

l’arche éditeur – 2006